La coupe du monde de rugby de 2019 a eu un effet très bénéfique au Japon en permettant une augmentation des licenciés. Mais comme toujours, au niveau scolaire, de nombreux clubs survivent tant bien que mal. Et quand celui-ci est situé au milieu de nulle part...
C'est ainsi le cas de Haboro HS. Jeune club de rugby fondé en 1976, il est positionné dans le bourg du même nom (tout au nord de l'île de Hokkaido). Ce dernier me fait grandement penser aux villes minières françaises de l'époque (Carmaux, Decazeville, etc...). Comme celles-ci, après la chute du charbon, Haboro a vu sa population tomber en passant de 30 000 habitants dans les années 70 à seulement 6 700 aujourd'hui. La population est très vieillissante et ne cesse de chuter depuis plus de 50 ans.
Cela a bien évidemment eu un impact majeur sur la jeunesse locale. L'unique lycée du bourg compte moins de 170 élèves et c'est désormais un véritable combat de tous les jours pour faire survivre les clubs sportifs. Au cours des dernières années, le club de rugby a même été tout simplement incapable de former une équipe de 15 joueurs. Pour participer aux qualifications de la préfecture de Hokkaido pour le "Hanazono", le club de Haboro devait ainsi s'associer avec celui de la ville voisine de Asahikawa.
Nous sommes ainsi à des années-lumières des gros clubs lycéens que sont Higashi Fukuoka HS (135 joueurs), Kyoto Seisho HS (123 joueurs) ou encore Toin Gakuen HS (102 joueurs). En 2019, le club de rugby local a même failli disparaître pour de bon.
Après le départ des 3èmes années, il restait le capitaine, les membres féminins et le manager! Fort heureusement, au printemps 2020, 10 nouveaux joueurs l'ont rejoint, faisant passer l'effectif à 15 personnes (garçons et filles compris). L'effet coupe du monde 2019 (avec le 1/4 de finaliste historique du Japon) a permis de sauver le club de Haboro HS.
Ce sont 10 des 27 garçons de la 1ère année du lycée l'an dernier qui ont rejoint l'équipe de rugby, grâce au bouche à oreille. Masahiko Niwa, originaire de Tomamae et ancien manager de Meiji Univ. dont il avait porté plus tôt le maillot comme joueur sous les ordres de la légende nippone Chuji Kitajima, en fut grandement ému.
C'est un vrai évènement quand on connaît les conditions de ces gamins pour pouvoir jouer au rugby à Hokkaido. Comme le climat hivernal est rigoureux (plusieurs mètres de neige et des températures négatives durant plusieurs mois), il faut plus de 2 heures et 1/2 en voiture pour rejoindre le lycée le plus proche où se trouve le club de rugby.
Voilà pourquoi le déménagement d'une équipe professionnelle de la future Pro League japonaise (qui sera lancée en janvier 2022) est essentielle pour maintenir (voir grandir) la passion du sport ovale dans cette région reculée qu'est l'île de Hokkaido et permettre de faire venir de plus en plus de gamins locaux vers le rugby.
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