Alors qu'elle entame sa quatrième saison, la League One a de plus en plus ses voyants au rouge. Le problème numéro un sont les stades hôtes. La majorité des 26 clubs du championnat japonais de rugby n'en ont toujours pas à l'heure actuelle.
En conséquence, les équipes voient cette année une baisse de leur affluence, l'effet du mondial de rugby de 2023 en France étant passé. Le constat est des plus dramatiques à Tokyo où se situent la majorité des clubs de League One. Je peux citer notamment Hino en Division 2 et Akishima en Division 3 qui sont respectivement cette saison à 738 et 684 spectateurs de moyenne. Les dirgeants et les joueurs ont déjà montré leur inquiétudes...
Il faut prendre en compte que même si plusieurs clubs ont de bonnes affluences, une bonne partie sont des personnes invitées par les sociétés mères (Kubota, Toyota, etc...). Faute de stade hôte, les clubs ont du mal à élargir le nombre d'abonnés. La billetterie s'en ressent et même si on y ajoute le sponsoring et les ventes commerciales, la réalité est que la majorité de ces clubs dépendent encore en très grande partie de leur société mère.
Même un club professionnel comme BL Tokyo a son budget annuel qui dépend aux 3/4 de sa société mère Toshiba. A côté de cela, les salaires des joueurs étrangers moyens explosent. Depuis la mise en place de la Catégorie A, la valeur de ces joueurs a grimpé en flèche et met en grand danger une bonne partie de ces équipes.
Aux origines, la Catégorie A a été mise en place pour accroître le réservoir de joueurs pour l'équipe nationale du Japon avec des joueurs étrangers. En effet, la Japan Rugby Football Union fait face à un sport ovale en chute libre au pays avec un nombre de licenciés qui a été divisé par deux sur les trentre dernières années.
La tendance ne change pas et est même des plus dramatiques au niveau scolaire, en particulier au lycée avec de nombreuses équipes qui n'ont plus assez de joueurs dans leur effectif pour participer aux qualifications annuelles pour le Hanazono.
Face à cette situation, la fédération japonaise de rugby a pris une mauvaise direction. Au lieu de cibler la formation, elle a décidé de se focaliser sur l'apport des joueurs étrangers pour élever le niveau de la sélection des Brave Blossoms sur la scène internationale.
Le niveau de la League One augmente mais à quel prix. De nombreux clubs n'ont plus assez d'argent pour recruter des stars étrangères de premier plan. Les transferts l'an dernier ont ainsi été les plus calmes depuis le lancement du championnat en 2022.
En coulisse, plusieurs dirigeants sonnent déjà le signal d'alarme. Leur clubs ne pourront pas tenir sur le long terme. Hanazono (Division 2) a failli ainsi disparaître il y a deux ans de cela et son avenir est des plus incertains à l'heure où j'écris.
Avec la professionnalisation qui s'accélère, les clubs de League One voient de plus en plus d'agents débarquer sur le marché. Ces derniers prennent d'énormes commissions folles, en particulier sur les signatures de joueurs étrangers universitaires (90%).
Les clubs universitaires, qui les ont formés, ne récupèrent que les restes. L'effet de la mise en place de la Catégorie A a été aussi amplifié depuis l'an dernier par World Rugby qui a revu l'éligibilité des joueurs étrangers de 5 à 4 ans.
En conséquence, les joueurs étrangers universitaires signent en League One avec déjà le statut de la Catégorie A. Face à cela, le nombre de joueurs universitaires nippons qui débarquent dans le championnat diminue à vitesse grand V car les entraîneurs-chefs (en majorité étrangers) privilégient les joueurs étrangers pour renforcer leur équipe, la formation au niveau scolaire étant trop faible pour préparer les joueurs japonais.
A l'heure actuelle, les nippons représentent moins de 50% des joueurs qui évoluent en League One. Le réservoir des locaux chute fortement et cela force la Japan Rugby Football Union à s'appuyer de plus en plus sur les étrangers pour son équipe nationale pour rivaliser au niveau mondial. C'est le serpent qui se mord la queue.
Le rugby n'a jamais été un sport populaire dans l'archipel nippon hormis dans les années 80. Mais avec de moins en moins de joueurs japonais représentés en équipe nationale des Brave Blossoms et les portes qui se ferment de plus en plus en League One, le nombre de licenciés est condamné à chuter plus que jamais dans les années à venir.
A l'heure actuelle, le sport ovale ne peut pas rivaliser avec la popularité du football au Japon. Je ne parle même pas du baseball. On le voit aussi au niveau universitaire où la finale n'arrive même plus à attirer 20 000 spectateurs quand dans les années 80 elle dépassait toujours la barre des 60 000. Au niveau lycéen, la dernière finale du Hanazono a attiré 3 000 personnes contre plus de 50 000 pour celle de football...
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